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Natixis: Pourquoi il faut augmenter les salaires

Le Monde

Pourquoi il faut augmenter les salaires réels

Il n'y a pas que les syndicats pour réclamer une hausse du pouvoir d'achat, les économistes aussi : ainsi, le directeur de la recherche économique de Natixis, Patrick Artus s'inquiète-t-il de voir se généraliser dans les pays de l'OCDE le modèle "très dangereux" de la stagnation des salaires réels (déduction faite de l'inflation).

L'économiste consacre à cette question l'un des derniers numéros de Flash Economie (24 juin 2011 - N° 483), vingt-quatre heures après la publication par l'INSEE de sa note de conjoncture de juin, qui fait état d'une quasi stagnation du pouvoir d'achat moyen des Français : + 0,1% en 2010 par unité de consommation (UC) et +0,3% prévus en 2011.

La mesure du pouvoir d'achat par unité de consommation permet de tenir compte à la fois de l'évolution du nombre des ménages et de leur composition. Le plus souvent, le premier adulte du ménage compte pour 1 UC, les personnes suivantes de 14 ans et plus pour 0,5 UC et les mineurs de moins de 14 ans pour 0,3 UC.

"Dans certains pays de l'OCDE (Etats-Unis, Allemagne, Japon, zone euro prise dans son ensemble), depuis la fin des années 1990, les gains de productivité ne sont plus distribués aux salariés. Dans les autres pays de l'OCDE (Royaume-Uni, France, Espagne, Italie...) ce modèle s'installe aussi depuis la crise", écrit M. Artus.

Maintenu sur la durée, ce modèle présente des dangers pour trois raisons. La première réside dans le fait qu'au-delà d'un certain seuil, les profits ne servent plus à investir mais à financer les rachats d'actions ou les placements financiers des entreprises.

"La déformation du partage des revenus au détriment des salariés détruit donc de la demande puisqu'elle réduit la demande des ménages sans accroître l'investissement des entreprises", note le directeur de la recherche économique de Natixis.

Ces profits élevés ne servent pas davantage à faire monter les cours de bourse et ne créent pas d'effet de richesse positif : les ménages ne regagnent pas comme actionnaires ce qu'ils perdent comme salariés. Ce modèle, enfin, est dangereux pour la croissance qu'il entame.

Pour soutenir la progression de la demande et compenser la stagnation du pouvoir d'achat, certains pays comme les Etats-Unis recourent à un endettement accru des ménages tandis que d'autres comme l'Allemagne ou le Japon comptent sur le dynamisme de leurs exportations. Mais de telles solutions ne sont ni durables ni généralisables à tous les pays.

M. Artus plaide donc pour que l'on distribue à nouveau les gains de productivité aux salariés, ce qui suppose à ses yeux pour la France "une négociation salariale suffisamment centralisée pour que les plans des entreprises puissent être coordonnés". "Une hausse coordonnée des salaires, ajoute-t-il, profiterait à toutes les entreprises".



02/11/2011
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