Alternative(s)

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Leur système a fait faillite. On attend quoi pour en changer?

Leur système a fait faillite: on attend quoi pour en changer?


En septembre 2008, au moment où le monde entier se rend compte que les métastases sont partout dans le système financier, Sarkozy, porte-paroles flamboyant à l’époque du capitalisme disait ceci :

 

http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=OLmC47ZoQuI

 

« L’idée de la toute-puissance du marché, qui ne devait être contrariée par aucune règle, par aucune intervention politique (…) était une idée folle» ; « L’autorégulation pour régler tous les problèmes, c’est fini ; le laisser-faire, c’est fini ; le marché tout puissant qui a toujours raison, c’est fini »

 

En affirmant cela, la droite reconnaît ouvertement que les bases du libéralisme, la fameuse main invisible selon Adam Smith qui était censée équilibrer les marchés, donc que les fondations des
politiques libérales sont un mythe.

 

Sarkozy ajoute encore dans le même discours à Toulon qu’il faut « moraliser le capitalisme ». Il donne ses solutions, celles qui doivent permettre à la droite d’amputer les doigts de pied nécrosés du système, tout en essayant de lui permettre de continuer à avancer : Selon Sarko, il faudra « s’attaquer aux problèmes de la complexité des produits d’épargne, de l’opacité des transactions, poser des questions qui fâchent, celles des paradis fiscaux, celles des conditions dans lesquelles s’effectuent les ventes à découvert, qui permettent de spéculer en vendant des titres qu’on ne possède pas… »

 

Quelle démonstration implacable de la faillite du système capitaliste ! Ce que la gauche clamait depuis 30 ans, c’est la droite qui est contrainte de le confesser…

 

Mais la gauche reste molle. Elle veut accompagner, pas transformer. Ni réaction populaire, ni nouveau mai 68 pour défendre les libertés. Personne pour achever le système et le remplacer.

 

Et pourtant ce ne sont pas seulement les banques qui s’effondrent. Tout le système est à l’agonie.

 

Durant l’été 2011, le système est tellement grippé, tellement devenu fou, que 6 Etats européens, dont la Belgique, interdisent durant quelques semaines toutes les ventes à découvert. L’instrument
spéculatif par excellence, celui qui permet de spéculer sur le dos des travailleurs en ayant pas un franc en poche, est interdit. .. pour repartir de plus belle quelques jours plus tard, la pompe ayant été réamorcée à coup de fonds publics financés par nos impôts.

 

Le système agonise. Il faudrait l’achever. Mais toujours pas de réaction du peuple.

 

La commission européenne, qui interdit en règle générale les aides d’Etat en bonne chienne de garde du système libéral qu’elle est, autorise « exceptionnellement » aux Etats d’aider leurs banques.
Entre 2008 et 2010, la commission européenne autorise ainsi 4.600 milliards d’aides d’Etat (dont 328 en Belgique) au système bancaire privé. Une première depuis la création de l’UE.

 

Le peuple se fait détrousser pour éponger les dettes de casino des banquiers, mais toujours pas de réaction. Certaines voix commencent à s’inquiéter, mais pas de mouvement de masse.

 

Le patron des patrons d’un grand secteur belge, durant l’été 2012, reconnaît également d’une certaine façon l’échec du système.  

 

Alors qu’il avait défendu lourdement la mise en place des pensions par capitalisation dans son secteur, le porte-parole patronal est contraint de constater que son fond de pension a perdu ¼ de sa
valeur. Impossible de payer les rendements qui étaient pourtant garantis par la loi aux travailleurs. Le patron le sait et le dit lui-même : les fonds de pensions hollandais, le modèle ayant inspiré le système belge dans son secteur, se sont effondrés alors qu’ils représentaient 8 fois la masse salariale de leurs secteurs. La Belgique n’en est pas là, mais il est de sa responsabilité d’éviter la faillite de ses affiliés, qui ne pourraient couvrir les obligations  vis-à-vis des travailleurs s’ils étaient contraints (comme la loi l’impose) de s’y astreindre.

Pour l’employeur, la solution s’impose : ne pas changer de système évidemment, mais faire basculer le risque sur le dos des travailleurs, et réduire les rendements initialement promis.

 

Les autorités cautionnent et donnent même un sérieux coup de main aux employeurs. Au lieu de proposer autre chose.

 

Pendant 5 ans, ce sont des milliers de milliards qui filent au niveau européen de la poche des travailleurs et des caisses publiques pour aller renflouer les gouffres béants laissés par les financiers.
L’économie réelle est exsangue, les restructurations s’enchaînent, les travailleurs sont laminés.

 

Mais les finances, elles, reprennent des couleurs. Les marchés se redressent.

 

Les gouvernements, qui n’ont d’yeux que pour les agences de notation, sont satisfaits de voir leurs gourous rassurés. Les efforts d’austérité vont réamorcer les pompes et permettre au système de
reprendre vie. Les taux diminuent. Les gouvernements se vantent d’avoir rempli leur mission en rassurant les marchés. Tant pis si le peuple le paye cher, très cher.

 

Travailleurs et allocataires sociaux saignés à blanc

 

En Belgique, l’austérité se profile par tranche. Il faudra trouver 25 milliards à terme par année, sur le dos des citoyens, mais l’Etat y va progressivement.

 

D’abord les chômeurs. Il n’y a pas d’emplois disponibles, 1 offre d’emploi pour 10 demandeurs dans le meilleur des cas, mais le gouvernement veut montrer l’exemple en sanctionnant les chômeurs. C’est même une Ministre socialiste qui s’en charge. Pour mieux rassurer les agences de
notation probablement.

 

Puis ce sont les allocataires sociaux en général, et notamment les pensionnés et les malades. Le gouvernement confisque 40% de l’enveloppe qui devait servir à augmenter leurs allocations. Alors que 23% des pensionnés sont déjà sous le seuil de pauvreté.

 

Les services publics sont lourdement attaqués. L’Etat ne vit pas au-dessus de ses moyens, pas d’augmentation des dépenses pour les fonctionnaires, que du contraire, mais le gouvernement s’acharne pour montrer patte blanche aux agences de notation, à la commission européenne ou au FMI. FMI qui avouera par après qu’il avait sous-estimé l’impact de l’austérité sur l’économie. Sans pour autant provoquer de changement de voie.

 

Puis vient le tour des travailleurs. Le gouvernement décide de geler les salaires pour deux ans, mais dans les faits pour 6 ans, voire probablement pour bien plus d’années encore. Le traité d’austérité européen a en effet entre temps fait du chemin, et l’Etat belge sait pertinemment qu’il devra amputer les salaires pour réduire la dette publique (creusée uniquement par les banques).

 

Le gouvernement feint de ne pas toucher à l’index, ce mécanisme qui ne permet même plus de suivre le coût réel de la vie et se contente juste de limiter en partie la casse, mais finalement le manipule pour faire perdre 90€ par an à chaque travailleur.

 

Cerise sur le gâteau, ou plutôt goutte d’eau qui fera déborder le vase, un accroissement de la flexibilité demandée par le patronat. Augmenter le nombre d’heures supplémentaires alors que le chômage monte en flèche. Et que les incapacités de travail, les accidents de travail ou les maladies (notamment liés au stress) explosent, particulièrement dans les PME. Une aberration sans nom totalement irresponsable de la part d’un patronat qui ne regarde que les poches de ses actionnaires.

 

La FGTB, après avoir consulté sa base, a estimé ce 5 février que la coupe était pleine.

 

Irresponsable ? Dogmatique ? Marxiste ?

 

Le système capitaliste, ce système qui se nourrit de l’ouvrage des travailleurs pour alimenter les caisses des actionnaires, a fait faillite. S’il est toujours debout à l’heure actuelle, c’est parce que les gouvernants sont parvenus à saigner le peuple pour réamorcer les pompes.

 

La démonstration (si besoin encore était de démontrer quoique ce soit en la matière) est simple. Pendant que l’économie réelle, celle qui tourne grâce aux travailleurs, connait une croissance nulle,
voire même une récession, à coup de fermetures et de licenciements à la pelle, l’économie financiarisée reprend des couleurs.

 

Dans un communiqué daté du 4 février 2013, le représentant des fonds de pension belges se vante des rendements des pensions capitalisées qui dépassent 12% en 2012.

 

0% pour l’économie réelle contre 12% pour les marchés financiers ? Cherchez l’erreur…

 

Rappelons à ceux qui traitent la FGTB d’irresponsables que pour offrir 12% de rendement en période de récession, il faut :

 

-       Soit investir dans des entreprises qui licencient et diminuent leur masse salariale pour augmenter leurs bénéfices. Arcelor, Ford, etc…

 

-       Soit investir dans des bulles spéculatives, comme les prêts étudiants aux Etats-Unis qui sont sur le point d’exploser, ou dans l’immobilier chinois, qui nous rappelle les fameux subprimes qui nous ont mené dans cette impasse…

 

-        Soit encore investir dans des entreprises comme Glencore, dont l’Echo vantait le rendement à 7,5% il y a quelques jours. Sans dire que Glencore est spécialisée dans la spéculation sur
les matières premières, et précisément sur les matières agricoles. En sachant qu’une dizaine de multinationales, dont Glencore, gèrent le marché de la faim dans le monde. En stockant pour faire monter les prix. En tuant les populations qui ne peuvent payer le prix… Sur 70 millions de personnes qui meurent par an dans le monde, 36 millions meurent de faim… Mais le rendement de Glencore est
de 7,5% !

 

Il n’y a pas que les actions évidemment, il y a aussi les obligations. L’Echo toujours conseillait les titres de dettes à 10 ans de l’Etat grec. Un rendement à 12% (tiens donc). 12% sur le dos des
pensionnés grecs, des travailleurs grecs, et de leurs enfants qui crèvent de faim…

 

La FGTB irresponsable, vraiment ?

 

Irresponsable de refuser de continuer cette course à la compétitivité demandée par le gouvernement sous pression des patrons ? Compétitivité concentrée sur les salaires, pour en arriver à des
salaires à 2 ou 3€ de l’heure comme en Allemagne ?

 

Parce que les employeurs eux ont exigé une nouvelle enveloppe de réductions de cotisations sociales, qui viennent s’ajouter aux 5 milliards de réductions de cotisations tous les ans et aux 4 milliards de cadeaux fiscaux. Et le gouvernement compte bien leur donner.

 

Le Ministre de l’économie fédéral a même proposé il y a quelques jours d’introduire les titres services pour l’industrie, histoire de casser encore un peu les prix. Tirer vers le bas un peu plus les
travailleurs. A quand des ministres payés en titres-services pour voir ?

 

La France vient de signer un accord qui permet aux employeurs de casser les salaires pendant deux ans ou de pouvoir licencier sans contrainte les travailleurs qui refusent de plier.

 

La FGTB est irresponsable de refuser cette course à l’Etat qui sacrifiera ses citoyens au prix le plus bas ? Irresponsable de vouloir redonner des perspectives aux jeunes, confrontés à un mur avant de
rentrer sur le marché de l’emploi ? Vraiment ?

 

Le gouvernement n’a même pas été capable de mettre en œuvre les solutions que Sarkozy lui-même préconisait pour moraliser le capitalisme : « s’attaquer aux problèmes de la complexité des
produits d’épargne, de l’opacité des transactions, poser des questions qui fâchent, celles des paradis fiscaux, celles des conditions dans lesquelles s’effectuent les ventes à découvert, qui permettent de spéculer en vendant des titres qu’on ne possède pas… »

 

A qui le gouvernement donne-t-il des leçons de responsabilité ?

 

Si la FGTB ne résiste pas, au nom des 1.500.000 affiliés qu’elle représente, qui résistera ?

 

Les partis, qui n’ont d’yeux que pour les agences de notation, qui ont peur de froisser la NVA, qui ne représentent plus qu’eux-même et ceux qui n’ont pas de problème pour finir leurs fins de mois ?

 

Et pourquoi les autres syndicats ne réagiraient-ils pas ? Représentent-ils des travailleurs mieux lôtis que les nôtres, des travailleurs qui n’ont pas de problème pour remplir leurs cuves à mazout ni
pour finir leurs mois. J’en doute…

 

La FGTB propose des solutions réalistes et responsables. Des solutions qui allègent la charge sur les travailleurs pour faire un peu plus contribuer le capital. Pas les petits indépendants, ni même pour les vrais entrepreneurs qui veulent investir et créer des emplois. Juste ceux qui profitent et qui ont vraiment les moyens.

 

D’autres nous ont montré la voie. L’Islande qui refuse de payer la dette illégitime des banques. Plusieurs pays d’Amérique du sud qui refusent l’austérité imposée par le FMI. Des Etats qui font contribuer le capital pour soulager le travail.

 

Un gouvernement qui affame sa population pour gaver ses actionnaires fait-il preuve de responsabilité et a-t-il encore de la légitimité pour gérer un Etat ?

 

25 milliards réinjectés directement dans les banques en 4 ans. Sur notre dos. Et 40 milliards de garanties pour Dexia qui risquent encore de nous tomber sur le dos. Pour remplir les cuves à mazout de qui ?

 

Notre pays, clairement montré du doigt comme un paradis fiscal pour le capital et les grandes entreprises, pendant que les travailleurs et les allocataires en bavent. C’est çà faire preuve de responsabilité ?

 

L’austérité tue l’emploi, tue la consommation, et alimente la récession. Faut-il poursuivre dans cette voie sans issue ?

 

Se mobiliser pour un réel changement

 

La FGTB est clairement, plus que jamais, la seule organisation syndicale qui défende un changement de société. Le seul contre-pouvoir qui défende une alternative au système capitaliste.

 

Nous appelons les autres syndicats à nous rejoindre pour défendre les intérêts de tous les travailleurs et de tous les allocataires sociaux.

 

La FGTB considère effectivement que ce sont les travailleurs qui font tourner le système, pas les employeurs ni les actionnaires. Avec les milliards injectés dans les entreprises grâce à nos
impôts, est-il si invraisemblable que çà de considérer que des entreprises comme Arcelor ou Ford appartiennent aux travailleurs ?  Et en tous cas de revendiquer que les travailleurs reçoivent la partie du gâteau qui leur revient ?

 

Le système capitaliste a fait faillite. La droite elle-même l’a reconnu. L’irresponsabilité et le vrai dogmatisme consisteraient à continuer dans cette voie !

 

Qu’attendons-nous pour changer de modèle ?

 

Mobilisons-nous largement le 21 février, pour changer les
choses !

 

 



06/02/2013
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